Les points de basculement de l’Arctique sont si proches que nous ne pouvons pas ignorer les MRS

Operaatio Arktis est une agence spécialisée dans les stratégies climatique. Elle est dirigée par des jeunes qui œuvre pour préserver les calottes glaciaires polaires et empêcher le franchissement des points de basculement du système terrestre, tels que l’effondrement de la calotte glaciaire du Groenland ou la perte du pergélisol.

Operaatio Arktis se distingue de la plupart des autres acteurs du domaine climatique par le fait qu’il ne juge pas seulement insuffisant le niveau actuel des mesures de lutte contre le changement climatique, mais aussi par le fait que les principales formes de ces mesures ne suffisent pas à assurer la sécurité du climat.

C’est pourquoi, lorsque nous avons découvert le MRS, nous avons placé certains de nos espoirs dans sa capacité à combler cette lacune.

Pourquoi 1,5 °C est important pour la cryosphère

Si vous suivez de près les données climatiques, vous aurez remarqué qu’au cours des 12 derniers mois, la température moyenne de la planète a été d’environ 1,66°C plus élevée que celle de référence entre 1850 et 1900.

Pourtant, l’Initiative internationale sur la cryosphère et le climat stipule que « 1,5°C est la seule option » pour la cryosphère – les parties de la terre où l’eau se congèle assez vite.

Le rapport de l’OCDE sur les « seuils critiques » pour 2022 convient que le réchauffement ne doit pas dépasser 1,5°C.

Aujourd’hui, nous sommes à une température où la fonte du pergélisol arctique constitue une menace réelle : un dangereux point de basculement qui pourrait entraîner des changements irréversibles dans le système climatique.

Ce changement de situation est arrivé très rapidement, en seulement quelques années. La température moyenne mondiale est passée de 1,2°C à 1,6°C, tandis que les estimations les plus fiables des seuils de température pour un certain nombre de points de basculement ont été revues à la baisse.

Si 1,5°C est vraiment la seule option pour la cryosphère ; si chaque dixième de degré compte ; si nous souhaitons éviter la disparition de la banquise estivale arctique et le franchissement de multiples points de basculement, alors la recherche MRS est cruciale.

Le MRS est la seule approche connue qui pourrait être utilisé pour refroidir la planète d’ici quelques années. Cela ne signifie pas que la MRS est réaliste, qu’elle est bien pensée, ou quelque chose du genre. Cela signifie que le succès de son déploiement dans un avenir proche, dans le cadre d’une atténuation rapide, pourrait être le seul moyen d’éviter ces dangereux points de basculement.

La MRS, est-ce un outil préventif ou moyen de limiter les dégâts ?

Si l’on devait hypothétiquement choisir entre déployer des MRS avant le franchissement des points de basculement clés ou après, il serait préférable de le faire avant, afin d’éviter des changements radicaux.

Agir tôt permettrait de préserver les conditions écologiques et climatiques habituelles. Attendre que ces points de basculement soient atteints équivaut à essayer de limiter les dégâts sur une planète dont le climat deviendra de plus en plus étranger. À l’heure actuelle, nous sommes à la croisée des chemins.

Si nous attendons trop longtemps, la MRS ne servira plus à grand-chose, car nous aurons dépassé des points de basculement importants et perdu des écosystèmes et des personnes qui auraient peut-être pu être sauvés par un déploiement plus précoce.

C’est la raison pour laquelle la recherche et les réflexions sur les MRS doivent se faire dans un contexte d’urgence et de prudence. Selon nous, le principe de précaution ne justifie pas de rester inactif en ce qui concerne les MRS alors que les risques climatiques augmentent. Au contraire, il devrait encourager les efforts visant à explorer cette option.

Créer des ponts avec la communauté climatique au sens large

Cela devrai nous amener tous à sortir de notre zone de confort à des degrés divers. Le simple fait de parler des MRS implique de lourdes responsabilités.

Nous devons créer un pont entre ceux d’entre nous qui préconisent la recherche sur les MRS et ceux qui privilégient les efforts d’atténuation rapide – et faire en sorte de nous engager ensemble sur la voie des MRS.

Si nous souhaitons que les gens s’engagent courageusement en faveur des MRS, les défenseurs de la recherche sur les MRS doivent faire preuve d’audace à propos des obstacles persistants en matière d’atténuation et de durabilité.

Promouvoir la recherche et les réflexions sur les MRS, tout en évitant de manière proactive de se retrouver dans une situation où il n’y a pas de réductions d’émissions, c’est reconnaître ce que la décarbonisation exige concrètement : il y a des limites à la croissance, et cette croissance n’a pas été durable dans les pays du Nord depuis longtemps.

Tourné vers l’avenir

La recherche sur les MRS n’en est qu’à ses débuts et très peu d’essais pratiques ont été réalisés. Il n’existe aucun cadre international contraignant en matière de gouvernance. Les avis divergent quant à l’opportunité de la recherche et de la normalisation des MRS dans leur ensemble, et certains appellent à l’interdiction de toute forme d’activité liée aux MRS,y compris la recherche. Même s’il y avait un consensus et un soutien solides en faveur des MRS, leur déploiement à grande échelle n’interviendrait pas avant au moins une ou deux décennies.

Mais nous ne pouvons pas nous permettre de croiser les bras et d’attendre avant d’aborder les questions qu’elle soulève.

En parlant des MRS à grande échelle, nous devons nous imaginer la situation de la société dans les années 2040 ou au delà. Le monde sera probablement beaucoup plus soumis au stress climatique, avec un plus grand sentiment d’urgence.

Quels types de capacités, de structures de gouvernance et de connaissances en matière de MRS voulons-nous offrir à ces personnes ?

Nous avons la responsabilité de commencer à construire ces systèmes dès maintenant.

Oui, nous devrions aborder la MRS avec une bonne dose d’humilité et de prudence, mais il ne faut surtout pas la qualifier d’« idée folle » ou de « distraction dangereuse ». Les époques étranges et exceptionnelles, comme celle que nous vivons, nécessitent de nouvelles façons de penser.

Selon moi, nous devons mener des recherches, développer et réfléchir sur les MRS sans tarder, avant de perdre ce que nous avons décidé de protéger par l’action climatique.

Les points de vue exprimés par les rédacteurs de Perspective sont les leurs et ne sont pas nécessairement celles de SRM360. Notre objectif à Perspectivesest de présenter des idées sous divers points de vue, afin de favoriser un débat approfondi et éclairée sur les méthodes de réflexion de la lumière du soleil.