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Actualités : Historique de la MRS

Une analyse rétrospective de l’historique de la recherche sur les méthodes de réflexion de la lumière solaire et des perspectives d’avenir.

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Lors du premier épisode de la série « Climate Reflections », l’animateur Pete Irvine et ses invités reviennent sur toute l’histoire de la MRS et se penchent sur son avenir. Pour cela, Pete est rejoint par 4 invités ayant une grande expérience dans ce domaine:

Transcription

Dr. Pete Irvine: [00:00:00] Bienvenue au premier numéro du podcast Climate Reflections consacré aux derniers développements des méthodes de réflexion de la lumière du soleil avec des experts dans ce domaine. Je suis votre hôte, le Dr Pete Irvine. Je suis climatologue et j’étudie les MRS depuis 2009. Pour ce premier épisode de Climate Reflections, plutôt que de revenir sur un mois de développements dans le domaine, nous reviendrons sur toute l’histoire de la MRS et évoquerons ses perspectives d’avenir.

Pour y arriver, je suis accompagné de quatre invités qui ont une grande expérience dans ce domaine. Nous accueillons tout d’abord Inés Camilloni, professeur au département des sciences atmosphériques et océaniques de l’université de Buenos Aires et vice-présidente du groupe de travail sur les sciences physiques du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Bonjour, Ines.

Inés Camilloni : Bonjour.

Pete Irvine : Govindasamy Bala, professeur au Centre des sciences atmosphériques et océaniques de l’Institut indien des sciences. Il travaille sur le MRS depuis plus longtemps que n’importe quel autre chercheur, puisqu’il a publié son premier article [00:01:00] sur le sujet il y a plus de 20 ans.

Govindasamy Bala : 24 ans.

Dr Pete Irvine : 24 ans. Oui! Exactement. Oliver Morton, rédacteur en chef de The Economist. Il a beaucoup écrit sur les MRS, notamment dans son excellent livre de 2016, The Planet Remade.

Oliver Morton : Bonjour Pete. Je devrais également mentionner que je suis administrateur de ‘ The Degrees Initiative, une organisation qui finance la recherche sur la géo-ingénierie dans les pays du Sud.

Pete Irvine : Enfin, nous accueillons Cynthia Scharf, chargée de recherche au International Center for Future Generations: ICFG, où elle dirige les travaux sur les MRS. Elle était auparavant directrice principale de la stratégie pour Carnegie Climate Governance Initiative et a travaillé au bureau du secrétaire général des Nations uniesen tant que responsable de la communication stratégique sur le climat.

Cynthia Scharf : Heureuse d’être avec vous.

Pete Irvine : Et je dois préciser que nos quatre invités sont des conseillers de SRM 360, et nous sommes heureux de les accueillir. Je voudrais tout d’abord m’adresser à Ollie. Comment l’idée selon laquelle le réchauffement climatique pourrait être contré par la réflexion de la lumière du soleil est-elle apparue ?

Oliver Morton: Eh bien, je pense, Pete, qu’il faut replacer cela dans le contexte plus large de la façon dont les gens ont appréhendé le changement climatique tout au long du 20e siècle. L’un des éléments importants ici est l’idée selon laquelle le changement climatique provoqué par l’homme pourrait bien devenir une réalité d’un moment à l’autre. On a toujours pensé, tant en Occident que dans le bloc soviétique, que les nouvelles et immenses sources d’énergie, dont l’énergie nucléaire, permettraient à l’homme de modifier le climat de la planète.

Il s’est avéré ensuite, dans les années 50, que l’homme était déjà en train de modifier le climat de la planète, avec la publication par Roger Revelle de son célèbre article sur l’idée que le dioxyde de carbone s’accumule dans l’atmosphère, et ce qui suit est une citation, une « grande expérience », la phrase la plus reprise de tous les temps sur le changement climatique. . Et dès que cela survient, on commence à songer à comment refroidir le climat et en effet, lorsque Revelle [00:03:00] prend part à l’étude du Presidential Council of Advisors on Science and Technology de Lyndon Johnson, il se rend compte que c’est en réfléchissant la lumière du soleil loin de la surface de la terre que les effets du réchauffement dû au dioxyde de carbone peuvent s’estomper.

Dr. Pete Irvine : J’aimerais dire quelque chose à propos de ce rapport. Ai-je raison de dire qu’il ne mentionne pas la réduction des émissions de CO2 ?

Oliver Morton : Bon Dieu, êtes-vous communiste ? Non, bien sûr, la réduction des émissions de CO2 n’a pas été mentionné. L’idée de changer radicalement la nature fondamentale de la grande économie américaine des années 50 et 60 n’a pas été à l’ordre du jour. Non, l’idée est que si, comme je l’ai dit, l’idée que la Terre est une entité géophysique qui peut être manipulée était très présente dans l’esprit des gens à cette époque. Ce n’est qu’après le grand tournant antitechnocratique du début des années 1970 que l’on commence à se dire que ce n’est peut-être pas une si bonne façon de voir la Terre.

Dr. Pete Irvine : Et je [00:04:00] je suppose que si 1965 marque le début du moment où les pays ont commencé à réfléchir au changement climatique et où le MRS était au centre de leurs préoccupations et les réductions d’émissions à l’arrière-plan, cela a pu changer au cours des décennies suivantes avec le refoulement plus prononcé des MRS.

Oliver Morton : Je veux dire que les gens pensent au changement climatique, au changement climatique délibéré, avant de penser au changement climatique involontaire.

L’histoire soviétique de ce type de réflexion est donc très liée à l’idée que l’Arctique soviétique pourrait être réchauffé, et c’est un domaine constant de spéculation géophysique en Union soviétique, des années 1930 aux années 1960. Ainsi, l’idée que la réflexion sur le changement climatique se limite au réchauffement dû à l’effet de serre déforme l’histoire de cette réflexion.

L’autre élément qu’il faut garder à l’esprit est l’importance de la science planétaire. La première fois que cette question est vraiment devenue importante, c’est lorsque les gens, euh, lorsque le premier satellite, américain, Mariner 9, s’est mis en orbite autour de Mars. [00:05:00] Et il y avait une tempête de poussière tout autour de la planète. Lorsque la tempête de poussière se calme, on constate que la quantité de lumière réfléchie par la planète diminue et que la chaleur à la surface augmente.

Et comme le dit l’un des scientifiques ayant participé à l’opération, Brian Toon, c’était la première fois que la science pouvait observer un changement climatique global qu’elle pouvait comprendre, et c’était déjà énorme. En Occident, les idées relayive à l’influence des volcans sur le climat découlent de cette compréhension de Mars et, dans une moindre mesure, de Vénus.

Pete Irvine : 1991, en parlant des volcans, il y a eu une éruption volcanique majeure, la plus importante du 20ème siècle, je crois. Quel impact cela a-t-il eu sur le débat sur les MRS ?

Oliver Morton : Un impact important sur la discussion de la géo-ingénierie solaire. Cela a eu également un impact important sur les réflexions sur le climat, car James Hansen, qui a travaillé sur Vénus et sur la modélisation du climat, s’intéresse depuis les années 1970 à la question de l’influence des volcans sur le climat.

Grâce au mont Pinatubo, il disposait en fait d’un cas d’école et faisait en quelque sorte écho à Revelle. « et il prédit. en utilisant le modèle climatique GISS, que la température de la terre baissera un peu au cours de l’année suivante à la suite de cette éruption.

Ainsi, lorsque l’on pense à la géoingénierie solaire, aux MRS, cette éruption est considérée comme la plus grande preuve que oui, nous voyons le sulfate se répandre dans le monde, et, euh, et, et le monde se refroidit. Et c’est un aspect très important. D’autre part, c’est le premier test direct de l’efficacité des modèles de circulation globale sur ordinateur.

C’est ce qui intéresse particulièrement Hansen et c’est en fait quelque chose de vraiment déterminant. pour le monde à l’aube des années 1990, lorsque les prévisions des GCM seront, euh, très vivement débattues et serviront de base aux politiques [00:07:00]]. Disposer d’une expérience naturelle qui prouve qu’ils ont en quelque sorte raison sur le climat car elle montre un effet de refroidissement est absolument vital.

Pete Irvine : Un autre développement important a eu lieu lorsque Paul Crutzen, qui a reçu le prix Nobel pour son travail sur l’ozone, a écrit un commentaire célèbre en 2006, suggérant qu’il était temps de commencer à penser aux MRS. Quels étaient ses arguments, et quelle était la signification de son intervention ?

Oliver Morton : L’argument était subtil. Il explique qu’à l’heure actuelle, l’homme rejette une grande quantité de dioxyde de soufre dans la basse atmosphère, la troposphère. Et cela fait beaucoup de mal à bon nombre d’humains, car respirer les particules créées par ce type d’aérosol réduit l’espérance de vie de plusieurs millions de personnes dans le monde.

Il note également que les gens l’éliminent et que faire cela est bon pour la santé des personnes vivant à la surface de la planète, c’est-à-dire pour tout le monde. [00:08:00] Mais en même temps, l’on perd l’effet réfléchissant de ces aérosols de sulfate. Ainsi, la planète se réchauffera lorsque le réchauffement dû à l’effet de serre sera démasqué et que l’on ne réfléchira plus la lumière du soleil.

Ceci est une discussion qui remonte aux années 1970 et qui a été très clairement exposée par Tom Wigley dans les années 1990. Cependant, Crutzen va plus loin et dit, et on ne sait pas s’il le suggère, s’il fait une expérience de pensée ou s’il fait une sorte de reductio ad absurdum pour effrayer les gens, mais il dit que les aérosols de sulfate durent beaucoup plus longtemps dans la stratosphère et que si nous introduisons beaucoup moins de soufre dans la stratosphère, nous pourrions conserver l’effet refroidissant des sulfates à basse altitude, mais sans que cela ne tue les gens.

Et il soulève deux autres points très importants. D’une part, il affirme que ce n’est pas une raison pour ne pas contrôler les émissions de dioxyde de carbone, car, comme il le souligne, le dioxyde de carbone acidifie également les océans. Ainsi, même si l’on parvenait à neutraliser complètement les effets de la température, il serait toujours capital de réduire le dioxyde de carbone en raison de ses effets sur les océans. Parallèlement, il est possible que Crutzen ait dit cela pour effrayer les gens afin qu’ils redoublent d’efforts pour réduire les émissions de dioxyde de carbone. Si tel était son objectif, ce n’est certainement pas ce qui s’est produit par la suite.

Dr. Pete Irvine : Peu après, je pense que nous passions, du moins de mon point de vue, de la préhistoire des MRS à l’histoire des MRS, lorsque j’ai commencé en 2009, avec la publication du rapport de la Royal Society,qui a suscité, un financement assez important de la recherche au Royaume-Uni. Pouvez-vous décrire cela ? Ai-je raison d’appeler cela le passage à l’ère moderne des MRS ?

Oliver Morton: Il est évident que le passage à l’ère moderne des MRS Pete s’est fait grâce à vous qui avez commencé à étudier le sujet. Exactement oui, et je pense qu’il y a beaucoup à dire à ce sujet. Mais il faut comprendre que le rapport de la Royal Society est très directement une réponse à Crutzen et à ce qui s’est passé au moment où Crutzen est intervenu et au fait qu’il y a maintenant plus d’intérêt.

Aussi, le fait qu’il s’agisse d’un rapport important de la Royal Society, encore une fois, l’identité du messager est importante. Ce rapport avait également une portée très large en ce sens qu’il abordait toutes sortes de conséquences, les facteurs sociaux, politiques et économiques, ainsi que la physique de la géoingénierie solaire et ce que nous appellerions aujourd’hui la géoingénierie du carbone. Donc, en ce sens, il a vraiment apporté une sorte de définition, de contribution. Je veux dire par là que les Académies nationales des sciences américaines n’avaient rien fait de semblable dans un laps de temps similaire. Alors oui, cela a vraiment donné un coup de pouce à la réflexion sur le sujet. Cela a attiré de nouvelles personnes vers le secteur. C’était, c’était quelque chose de très, très influent.

Dr Pete Irvine : Passons maintenant à Bala. Votre première publication date de l’an 2000. Quel était le sujet de cet article et comment a-t-il vu le jour ? [00:11:00]

Govindasamy Bala : Oui. À l’époque, je travaillais au Lawrence Livermore National Laboratory et Ken Caldeira était un de mes collègues qui travaillait juste à côté de mon bureau. Je veux dire que Ken, à l’époque, m’a montré Le rapport NAS de 1991, qui traite de la manière de répondre au changement climatique, aborde dans un de ses chapitres les différentes options de géo-ingénierie. Il s’est dit que personne n’avait jamais vraiment modélisé l’efficacité des options de géoingénierie. Ce qui nous intéressait vraiment, c’est que si l’on observe le piégeage des rayonnements infrarouges par les gaz à effet de serre, en particulier le CO2, et le forçage radiatif solaire, à la fois dans le temps et dans l’espace, on constate que les deux ont des schémas très différents. Vous savez, par exemple, la lumière du soleil est surtout présente sous les tropiques et [00:12:00] les régions polaires reçoivent très peu de lumière du soleil. Au niveau temporel, par exemple, vous savez, il y a des variations saisonnières, vous savez, si vous regardez particulièrement les hautes latitudes et les latitudes moyennes, il y a un très fort forçage solaire saisonnier, mais le CO2 n’a pas cette particularité. Nous étions donc assez curieux de savoir si ces différences dans le modèle de forçage radiatif entre les forçages solaire et CO2 pouvaient vraiment être compensées. Je pense que c’est une question que nous nous sommes tous posée, vous savez, vous savez, évidemment. Nous pensions donc qu’il y aurait d’importants résidus, vous savez, notamment, le cycle saisonnier ne sera pas vraiment contré efficacement par la géoingénierie solaire.

Nous avons donc voulu tester cela dans un modèle climatique. Je pense que nous avons commencé ce travail en 1999 et les résultats étaient intéressants dans le sens où nous avons découvert que les effets du changement climatique pouvaient être [00:13:00] compensés efficacement en réduisant la luminosité du soleil. Je veux dire qu’il y a eu très peu de changements résiduels ou de surcompensation dans les régions polaires et tropicales. Cependant, si l’on considère le changement climatique global induit par le CO2, ces changements résiduels ou surcompensés sont extrêmement faibles. C’est ainsi que nous avons commencé la modélisation. Et, je pense que même après cela, si ma mémoire est bonne, nous avons écrit deux ou trois articles immédiatement après. Parce qu’à l’époque, au laboratoire de Livermore, il y avait une initiative de modélisation du cycle du carbone.

Nous avons donc étudié comment la géoingénierie solaire pourrait impacter la biosphère terrestre. Nous avons donc publié cet article deux ans plus tard, en 2002. Nous avons également cherché à savoir si cela fonctionnerait vraiment avec des quantités plus élevées de CO2. [00:14:00] en fait, après 2003, il n’y avait pas encore, vous savez, personne n’en parlait vraiment. Après cela, je pense que nous avons pratiquement arrêté. Nous sommes passés à autre chose, mais je me souviens qu’en 2006, je crois, l’ éditorial de Paul Crutzen a été publié. Je pense que c’est à partir de ce moment-là que le domaine a vraiment décollé.

Dr. Pete Irvine : Oh, oui. J’aimerais m’y engager. Je suppose que l’un des grands développements, depuis que vous avez commencé, a été le lancement du projet Geoengineering Model Intercomparison Project (Projet d’intercomparaison des modèles de géo-ingénierie). Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit et quelle est sa portée ?

Govindasamy Bala : Oui. Bien sûr, vous savez, je ne suis pas directement impliqué dans le GeoMIP. En fait, lorsque l’on obtient un résultat en utilisant un modèle climatique, on sait surtout qu’il y a beaucoup d’incertitude. En fait, on peut classer l’incertitude en trois catégories : la variabilité interne, l’incertitude du modèle [00:15:00] et l’incertitude du scénario pour l’avenir. Il y a donc un écart entre les résultats des modèles. Généralement, les gens font la même expérience avec plusieurs modèles pour comprendre ce phénomène. Ce type de comparaison de modèles est très utile pour deux raisons. D’une part, comprendre cette dispersion ou cette incertitude et, d’autre part, vérifier si, par exemple, quelqu’un a obtenu un résultat semblable au nôtre. Est-il vraiment robuste ? Vous savez, par exemple, posons un problème simple comme, ok, le réchauffement climatique conduira, disons, à une intensification du cycle hydrologique. Vous souhaiterez donc savoir si cela se vérifie dans tous les modèles climatiques. C’est ce que nous appelons la robustesse.

Ainsi, pour vérifier la robustesse d’un résultat produit par un modèle, il suffit de demander à plusieurs groupes de modélisation de réaliser la même expérience. Aujourd’hui, en fait, [00:16:00] le GIEC utilise les résultats de ce groupe de modèles climatiques pour essentiellement, en quelque sorte, anticiper l’avenir, et vous savez, cela permet vraiment de quantifier l’incertitude et la dispersion des projections relatives au changement climatique futur.

Cette même idée a donc été adoptée pour ce GeoMIP. Je pense que les premières expériences de GeoMIP ont été lancées en 2011. Avec environ, je pense, je ne suis plus sûr du nombre de modèles qui participent aujourd’hui, mais je pense qu’au départ il y avait environ une dizaine de modèles climatiques. GeoMIT nous aide essentiellement à comprendre la robustesse des résultats produits par les différents modèles climatiques et à identifier les écarts entre les résultats des modèles.

Dr. Pete Irvine: Je m’adresse à présent à Inés. L’autre grand développement de la recherche sur les MRS est intervenu avec le lancement du Degrees Modeling Fund en 2018. Inés, [00:17:00] vous avez commencé à étudier les MRS après avoir reçu une bourse de Degrees. Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est The Degrees Initiative » et ce que son fonds de modélisation a permis de financer ?

Inés Camilloni : Oui, bien sûr. Degrees est une ONG basée au Royaume-Uni, et l’acronyme Degrees signifie « DEveloping country Governance REsearch and Evaluation of SRM » (Recherche et évaluation sur la gouvernance des pays en développement concernant la Gestion du Rayonnement Solaire). L’objectif principal de Degrees est de soutenir la recherche sur l’impact des MRS dans les pays en développement par le biais de différentes activités.

La première consiste évidemment à financer les chercheurs du Sud, mais aussi à promouvoir différentes activités de sensibilisation par le biais d’ateliers, non seulement avec la participation de chercheurs de différents pays du Sud, mais aussi avec celle de décideurs politiques et de journalistes, par exemple. Une autre activité importante de [00:18:00] Degrees est liée à la mise en réseau par le biais d’une collaboration entre les chercheurs du Sud et du Nord, mais aussi entre les chercheurs du Sud et du Sud.

Dr. Pete Irvine : Alors, qu’avez-vous trouvé lorsque vous avez fait ce travail sur, sur les impacts en Amérique du Sud ? Sur quoi vous êtes-vous concentré ?

Inés Camilloni : Mes recherches se sont concentrées sur les impacts potentiels du MRS par l’injection d’aérosols stratosphériques dans le bassin de La Plata. Il s’agit d’un grand bassin situé dans le sud-est de l’Amérique du Sud. C’est la région la plus peuplée du continent, avec de grandes, mégapoles, et elle est vraiment importante pour de nombreuses activités économiques et la disponibilité de l’eau dans ce bassin est vraiment pertinente.

Nous savons que cette région est vraiment touchée par El Niño, qui provoque des inondations[00:19:00], et par La Niña, qui provoque de graves sécheresses. Ainsi, pour moi et mon groupe de recherche, il s’agissait vraiment d’essayer de répondre aux impacts potentiels du changement climatique dans cette région. Lorsque nous avons eu l’occasion de bénéficier d’un financement de Degrees, notre question de recherche portait sur les impacts potentiels du MRS dans ce bassin. Nous voulions connaître les changements potentiels dans la disponibilité de l’eau en modifiant les débits des principaux cours d’eau qui se jettent dans le bassin. Ce que nous avons découvert, c’est que nous pouvons nous attendre, dans le cadre d’un scénario SAI, à une augmentation des précipitations et à une augmentation de la disponibilité en eau du fait de l’augmentation des débits des principaux cours d’eau, comme le Paraná et l’Uruguay, qui se jettent dans le bassin.

Cependant, nous avons également constaté que l’on peut s’attendre à une augmentation des débits minimaux, ce qui est également une bonne nouvelle, car on pourra produire davantage d’énergie hydroélectrique en disposant de plus d’eau dans cette rivière, étant donné que nous disposons d’énormes centrales hydroélectriques. Nous avons aussi constaté qu’il faut s’attendre à une augmentation des débits maximaux.

Ainsi, dans le cadre d’un scénario MRS, nous pourrions également nous attendre à une augmentation des inondations. Nous avons donc constaté que nous pouvons avoir aussi bien des réactions positives que négatives face à cette technologie. Évidemment, avec le seul scénario et modèle que nous avons analysé, mais [00:21:00] à tout le moins, c’était le point de départ pour faire plus de recherches afin d’essayer de répondre à cette question de recherche.

Pete Irvine : Peut-on dire sans risque de se tromper qu’avant 2018, la recherche sur les MRS était principalement dominée par… dans les pays du Nord, à l’exception de Bala.

Inés Camilloni : Oui, bien sûr. Elle était absolument dominée par le Nord global. Après Degrees, la recherche sur les MRS a commencé en Asie du Sud-Est et en Afrique, ainsi qu’en Amérique latine et dans la région des Caraïbes. Aujourd’hui, grâce à Degrees, nous avons de nombreux groupes de recherche dans ces différentes régions et les projets Degrees publient également, des articles pertinents, des publications, et des revues de synthèse. Jusqu’à présent, il y a près de [00:22:00] 30, articles montrant les différents impacts auxquels nous pouvons nous attendre dans ces différentes régions et du MRS, principalement sous la forme d’injection d’aérosols stratosphériques.

Pete Irvine : Très bien. Pour rester sur un thème international, la Convention sur la diversité biologique (CDB) a pris une décision sur la gestion durable des ressources en 2010. C’était la première fois que la question est abordée dans un cadre intergouvernemental, je crois. Cynthia, quelle a été la décision de la CDB et quelle en est la signification ?

Cynthia Scharf : Oui, la CDB s’est penchée sur cette question en 2010, et elle s’est intéressée à l’utilisation responsable, ou espérée comme telle, de la recherche dans la mesure où elle affecte la biodiversité. La décision, c’était une décision et non un moratoire de facto, elle était non contraignante, ce qui signifie qu’elle n’était pas juridiquement applicable. Mais elle a plutôt servi de guide aux membres de la convention, [00:23:00] c’est-à-dire aux gouvernements, sur ce qui pourrait être une recherche responsable pouvant être autorisée et sur ce qui ne devrait pas l’être. Comme je l’ai dit, cette décision est souvent qualifiée de moratoire de facto. Tout d’abord, pour clarifier les choses, les États-Unis ne sont pas membres de la CDB et l’effet d’un moratoire auquel n’adhère pas une si grande puissance internationale est donc très limité. Néanmoins, cela a eu un effet symbolique important et les ONG qui s’intéressent aujourd’hui à la gestion des ressources naturelles s’y réfèrent souvent, avec beaucoup de prudence et, je dirais, avec beaucoup de force, pour ce qui est de l’approche de précaution à l’égard de la recherche.

Pete Irvine : D ‘autres forums internationaux ont-ils déjà abordé cette question depuis la CDB en 2010 ?

Cynthia Scharf: Il y a eu quelques bribes d’information dans d’autres [00:24:00] parties de la gouvernance internationale. Ainsi, par exemple, le protocole de Montréal de l’année dernière contenait des informations importantes sur les effets potentiels des MRS. Il existe également des éléments dans la Convention de Londres, le Protocole de Londres concernant les océans, mais la seule absence flagrante en termes de gouvernance internationale a été les négociations internationales sur le climat dans le cadre de la CCNUCC. Des discussions informelles ont eu lieu entre les pays, entre les négociateurs potentiels. la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) n’a pas encore abordé le sujet.

Pete Irvine : Il semble donc que cette question n’ait pas été beaucoup abordée dans les forums internationaux. Est-elle vraiment dans le collimateur des décideurs politiques ? Cela se fait-il principalement à huis clos ou est-ce que l’on n’en parle pas vraiment ?

Cynthia Scharf : J’ai participé à l’Initiative Carnegie C2G lorsqu’elle [00:25:00] a été lancée en 2017 et nous avons passé sept ans à discuter avec des décideurs politiques du monde entier, lors de réunions privées, parfois lors d’événements publics, de conférences publiques, mais la plupart du temps à huis clos, en essayant de les sensibiliser à ce qu’est la MRS et à ce qu’elle n’est pas. Lorsque nous avons commencé, il y avait un sentiment d’incrédulité à l’idée que nous soulevions ce sujet. Pourquoi parlons-nous de cela ? Cela ressemblait presque à de la science-fiction.

Et je pense que nos interlocuteurs nous ont tolérés simplement parce que nous avions une expérience de l’ONU et que nous avions travaillé sur l’ Accord de Paris. Au cours de ces sept années, cette conversation a évolué. Je dirais que c’est surtout au cours des deux dernières années, après la pandémie. Et je dis cela car la pandémie a vraiment provoqué un changement mental, je pense chez nous tous, mais lorsque je parle de cela dans le contexte de la MRS, je parle du fait qu’un événement mondial, euh, peut-être un cygne noir pourrait réellement se produire et que nous devrions envisager une gouvernance anticipative proactive et certaines approches de précaution afin que si et quand ces événements cygnes noirs se produisent, que le monde soit mieux préparé.

Ainsi, nous avons eu des conversations avec des décideurs politiques, et plus de 60 gouvernements nationaux, y compris de nombreux pays vulnérables au changement climatique, les pays les moins avancés, les îles du Pacifique, ainsi que les grandes économies. Et aussi, avec des dirigeants de haut niveau dans tous les organes respectifs des Nations unies, les entités des Nations unies œuvrant dans le domaine du climat. Cette conversation qui était, comme je l’ai dit, empreinte d’incrédulité, s’est transformée en anxiété. Anxiété et intérêt. Et bien sûr, ce qui a alimenté cela, en plus de la reconnaissance de la fragilité mondiale, c’est la détérioration du climat et le fait que nous ayons pris du retard par rapport aux engagements de Paris, que nous espérions pouvoir réaliser. L’inquiétude naît du sentiment que cette nouvelle méthode ou technologie pourrait décourager ou ralentir l’élan politique dont nous avons besoin pour faire ce que l’accord de Paris nous recommande. C’est ce qu’on appelle l’aléa moral, dans un sens académique, et je peux vérifier qu’il est réel au sein des gouvernements et des décideurs politiques qui se penchent sur cette question.

Ils savent à quel point il a été difficile d’obtenir un élan politique en faveur des mesures prises dans le cadre de l’accord de Paris. Il a fallu, [00:28:00] en fait, des décennies pour en arriver là où nous en étions en 2015, lors de la COP21. Et aucune des personnes qui ont travaillé sur cet accord et qui ont parcouru ce chemin depuis si longtemps ne souhaite voir baisser l’élan politique qui le sous-tend.

Comme je l’ai dit, la MRS n’est pas une solution. Elle ne peut se substituer à une réduction drastique et urgente des émissions et à une accélération de l’adaptation. Mais il est à craindre que cela ne fasse retomber la pression et ne détourne l’attention du public vers quelque chose qui le soulagerait ou lui donnerait l’impression qu’il n’y a pas de souci à se faire, que tout va bien. Et les décideurs politiques ne veulent certainement pas encourager cela.

Pete Irvine : C’était un peu un tour d’horizon de l’histoire des MRS, qui nous a menés jusqu’en 2020 environ. Je voudrais donc passer brièvement en revue certains développements récents et me tourner ensuite vers l’avenir. Ainsi, [00:29:00] Ollie, le financement de la recherche sur les MRS a été assez inégal, je pense, de 2009 à 2020, avec, vous savez, la multiplication des efforts au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Allemagne, en Chine, puis la diminution de ces efforts. Comment les choses ont-elles évolué ces dernières années ?

Oliver Morton: Je pense qu’il est très important de faire une comparaison avec l’autre forme de géoingénierie, la captation du dioxyde de carbone. Le moment dont parlait Cynthia s’est produit en 2018, lorsque le rapport spécial du GIEC sur le seuil de 1,5 a fait comprendre aux gens, d’une manière qu’ils n’avaient pas vue auparavant, à quel point la captation du dioxyde de carbone était désormais prise en compte dans les scénarios dont ils parlaient. À ce moment-là, on a assisté à une véritable ruée vers des investissements, tant privés que publics, dans le CDR, car les gens ont soudain compris à quel point on en dépendait.

Quant aux arguments moraux dont parlait Cynthia à l’instant, ils s’appliquent aussi très bien au CDR. Si l’on s’investit dans le CDR, les gens pensent [00:30:00] que l’on réduit les efforts en matière de réduction directe des émissions. Ainsi, c’est comme si nous avions une version élaborée de ce qui peut se produire avec le CDR et nous nous demandons maintenant si cela se produira avec la géoingénierie solaire. Nous enregistrons une augmentation de l’investissement dans ce domaine. Le groupe auquel j’appartiens en tant qu’administrateur et qui a financé en partie le travail d’Inès, Degrees, reçoit de plus en plus de fonds, il est plus facile de collecter des fonds, surtout en ce moment, mais cela ne veut pas dire que l’on ne devrait pas continuer à nous aider. Nous avons besoin de plus de financement et d’autres groupes, y compris des ONG, parviennent à se positionner avec succès dans ce domaine.

Ce qui nous manque, c’est un engagement sérieux du gouvernement à essayer de découvrir ce qui se passe, ce qui pourrait se passer, ce qui pourrait aller mal, ce qui pourrait être nécessaire. Un examen sérieux de la situation par les gouvernements, idéalement au niveau intergouvernemental, n’a toujours pas eu lieu. Ainsi, bien qu’il y ait plus de financement, provenant en grande partie de personnes très riches, et que cela soit franchement réjouissant parce que cela nous permet vraiment de travailler, cela entraîne également la perception de ces programmes comme des solutions techniques plutôt que comme faisant partie d’une véritable réflexion sur ce qu’il faut faire dans un monde qui dépasse les engagements de Paris dont parlait Cynthia.

Cynthia Scharf : Si je peux ajouter quelque chose à ce qu’Ollie vient de mentionner, au cours des deux ou trois dernières années, nous avons observé que les conversations autour des seuils de basculement climatiques ont attiré plus d’attention, et on a le sentiment que potentiellement le SAI, une forme de MRS, pourrait être utile pour ralentir ou éviter l’atteinte de l’un de ces seuils de basculement climatiques….

J’étais dans l’Arctique il y a deux semaines, j’étais à Arctic Circle Assembly en Islande, et il y avait une anxiété [00:32:00] palpable, et une attention particulière portée à la situation précaire de l’Arctique qui fond quatre fois plus vite que n’importe où ailleurs dans le monde On craint non seulement la perte de la banquise et la fonte des glaciers du Groenland, mais aussi le ralentissement, voire l’effondrement, de l’AMOC( circulation méridienne de retournement atlantique).

Et donc la question est de savoir s’il y a des méthodes que les scientifiques pourraient mettre sur la table pour remedier à la situation, auparavant, ce genre de discussion n’était pas pris au sérieux. Je pense que nous sommes sur le point d’assister à une évolution de cette conversation vers un intérêt accru pour une recherche sérieuse sur ce qui pourrait se produire, sur les risques potentiels, sur les avantages potentiels, et sur ce vaste ensemble d’incertitudes sur lequel les gouvernements sont focalisés.

Je pourrais également ajouter qu’en 2023, deux événements ont eu lieu à une semaine d’intervalle. L’Union européenne a publié un rapport sur la sécurité et le changement climatique, dans lequel quelques paragraphes ont été consacrés au MRS. Plus précisément, l’UE a fait part de ses préoccupations concernant la recherche dans le domaine des MRS et a souhaité en savoir plus. Ils veulent en savoir plus sur les risques et les incertitudes et il est intéressant de noter qu’aucune référence n’a été faite aux avantages potentiels de la MRS. On pouvait vraiment y voir une approche prudente. Examinons ce que nous ne savons pas, faisons des recherches pour étudier ces risques potentiels. Mais l’UE a également déclaré qu’elle soutiendrait et encouragerait les discussions internationales sur la manière dont [00:34:00] les MRS pourraient être régis. C’est l’une des rares fois qu’un groupe de gouvernements déclare publiquement par écrit qu’il soutiendra et encouragera l’idée de pourparlers internationaux. Il n’a pas été précisé quel lieu ou quel type de processus au sein des Nations Unies (ONU) pourrait être utilisé Et il n’existe pas de processus ou d’entité idéale des Nations unies où cette conversation devrait avoir lieu. Comme nous l’avons mentionné, la CDB s’est penchée sur la question, le protocole de Londres, la convention de Londres, le protocole de Montréal, mais il n’y a pas de foyer naturel unique pour cette discussion.

Une semaine seulement après le rapport de l’UEla Maison Blanche a publié un rapport qui, selon elle, était clairement mandaté par le Congrès américainil s’agissait d’examiner les types de recherche nécessaires en matière de gestion des ressources naturelles,[00:35:00] les questions qui se posent et les pistes à suivre. Mais en particulier, il n’a pas appelé à des pourparlers, des pourparlers internationaux, sur la gouvernance des MRS. Il était très favorable à la collaboration internationale en matière de recherche, à la collaboration internationale, interdisciplinaire, mais la question de savoir comment régir cette collaboration n’a pas été abordée sur le plan international. Ces événements, ainsi que l’attention croissante portée aux seuils de basculement climatiques, sont des éléments importants, mais je tiens également à souligner un autre élément, à savoir les seuils de basculement sociaux.

Ce que j’entends par là, c’est une situation dans laquelle le climat est devenu si mortel, si dangereux pour la santé ou le bien-être de l’homme, qu’une grande partie de la société réclame des gouvernements qu’ils fassent quelque chose. Et dans [00:36:00] ces moments-là, il arrive qu’il y ait un seuil de basculement généré par la société qui amène un gouvernement ou un groupe de gouvernements à dire, peut-être devrions-nous nous pencher sur cette mesure appelée MRS parce que c’est la réponse la plus rapide qui produirait des effets que le public pourrait réellement ressentir de manière tangible.

C’est l’option la plus rapide que nous connaissions pour tout ce qui, au cours de ce siècle, pourrait modifier le climat de manière perceptible. C’est nettement moins coûteux que de décarboniser l’économie mondiale. Et pour l’instant, il n’y a pas de gouvernance internationale globale et contraignante autour de ces technologies. Pour ces trois raisons, il peut être tentant pour un gouvernement, un groupe de gouvernements ou toute autre entité de se tourner vers la MRS. Je pense donc qu’il est important d’examiner à la fois le climat et les seuils [00:37:00] de basculement sociaux potentiels autour de cette question.

Dr. Pete Irvine : Ainsi, Inés, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui occupe une place très importante dans l’élaboration des politiques internationales sur le changement climatique en termes d’information, en particulier pour les pays en développement, n’a consacré que peu de pages au MRS dans le passé, mais un nouveau rapport est en cours d’élaboration. Peut-on s’attendre à ce que le prochain rapport contienne beaucoup plus d’informations sur les MRS ?

Inés Camilloni : Je ne sais pas vraiment comment la MRS sera prise en compte dans le 7e rapport d’évaluation du GIEC, mais la bonne nouvelle est que l’un des thèmes de l’appel à candidatures d’experts pour participer à la réunion de cadrage du 7e rapport d’évaluation était la modification du rayonnement solaire.. Il y a eu un appel à candidatures pour des experts en sciences physiques, mais aussi en sciences sociales et en scénarios, car il s’agit d’une question transversale [00:38:00] qui doit être traitée par le GIEC.

Dr. Pete Irvine: Depuis votre premier article en 2000, Bala, des centaines d’études, notamment des études de modélisation des nuages sur le MRS, ont abouti à des résultats similaires à ceux que vous avez obtenus. Mais ces dernières années, nous avons assisté aux premières expériences de terrain sur les MRS, où les chercheurs sont sortis pour libérer des substances, pour essayer de comprendre comment cela affecterait le climat. Que pensez-vous de ces évolutions et quelle est leur importance ?

Govindasamy Bala : Oui. Vous savez, j’aimerais voir un article publié dans une revue à ce sujet. Je pense que ce que nous entendons toujours, c’est que ces expériences sont planifiées et annoncées et que le public est informé de la date à laquelle elles auront lieu, etc. Mais, je suis vraiment [00:39:00] surpris, de ce qui s’est passé avec, l’ expérience SCoPEx de l’équipe de Harvard et, aussi, une autre expérience d’éclaircissement des nuages marins en Californie qui a également été annulée.

Je crois que la Grande Barrière de Corail a fait l’objet d’une expérience du MCB et, en fait, ce n’est pas très clair. Je pense, vous savez, que c’était vraiment intégré dans ce, projet de restauration des récifs coralliens. Vous savez, l’objectif principal de ce projet était de sauver les coraux et l’expérience du MCB était une composante de la restauration des récifs coralliens.

Je pense toujours qu’il y a une résistance à cela, en partie à cause du manque de gouvernance, je crois. [00:40:00] Je pense qu’il n’y a pas de structure de gouvernance à l’heure actuelle. Donc, j’aimerais vraiment, voir une expérience et une publication à ce sujet. Vous savez, même aujourd’hui, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d’expériencespratique sur l’interaction entre les aérosols et les nuages.

Personne ne s’inquiète probablement à ce sujet, mais à partir du moment où vous dites qu’il s’agit essentiellement d’une expérience de géo-ingénierie, je pense qu’il y a encore une sorte de…, vous savez, peut-être je ne sais pas si je peux utiliser le mot tabou pour cela. La géo-ingénierie était un tabou il y a 20 ans, et, je pense que maintenanten termes de modélisation, je pense que ce n’est plus un tabou, mais je pense que pour les expériences pratique, mon sentiment est que, c’est toujours un peu tabou.

Cynthia Scharf : Si vous le permettez, je suis tout à fait d’accord avec Bala. Je pense qu’il y a quelque chose à propos des tests effectués dans la nature qui suscite une résonance symbolique [00:41:00]] chez les gens. Quel que soit le préjudice environnemental potentiel, cela ne semble pas avoir d’importance. C’est le fait qu’il devienne en quelque sorte réel en étant testé en pleine nature.

Et cela, cela pique vraiment la curiosité des gens, et je pense que cela galvanise un peu leurs craintes. Ainsi, en termes de gouvernance, de gouvernance de la recherche qui a lieu, dans la modélisation et dans le laboratoire, le respect des principes académiques fondamentaux d’une recherche responsable ne semble pas être un sujet de controverse, mais lorsqu’il s’agit de déplacer cette recherche à l’extérieur, cela devient un tout autre sujet, et le déploiement, bien sûr, va même un peu plus loin, ce qui soulève d’énormes questions.

Et je voudrais souligner à nouveau qu’il n’y a pas vraiment de foyer institutionnel à ce stade pour cette réflexion sur un cadre de gouvernance global en la matière et que [00:42:00]] si une crise devait émerger, le mieux que nous puissions faire est peut-être de nous débrouiller, et je veux dire par là, notamment, une sorte de coordination d’urgence, au niveau peut-être du Secrétaire général des Nations Unies, en essayant de rassembler les différentes parties du système des Nations Unies qui ont de l’expertise et, et de l’autorité.

D’autres ont estimé qu’il fallait peut-être créer une institution entièrement nouvelle pour gérer efficacement les MRS. Cependant, un simple coup d’œil à l’actualité de ces deux ou trois dernières années suffit pour constater que l’appétit pour le multilatéralisme est définitivement en baisse, et je ne vois tout simplement pas l’élan politique et le leadership nécessaires à la création d’une entité internationale entièrement nouvelle pour régir les MRS. Pour l’instant, nous sommes donc obligés de nous débrouiller et de coordonner ce que nous pouvons modéliser.

Pete Irvine : J’aimerais remercier tous mes invités, Cynthia [00:43:00] Scharf, Inés Camilloni, Govindasamy Bala et Oliver Morton, de nous avoir fait découvrir l’histoire de la MRS et d’avoir partagé avec nous leur réflexion sur la situation actuelle. Merci de votre participation.

Merci de vous joindre à nous pour ce premier épisode du bulletin d’information de Climate Reflections. Si vous avez aimé cet épisode, n’hésitez pas à nous noter et à nous donner votre avis où que vous ayez reçu ce podcast. Le podcast Climate Reflections est une production de SRM 360, un centre de connaissances à but non lucratif qui favorise une discussion éclairée et basée sur des données factuelles relatives aux méthodes de réflexion de la lumière du soleil.

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SRM360 (2024) – "Actualités : Historique de la MRS" [Podcast]. Publié en ligne sur SRM360.org. Récupéré de : 'http://srm360.org/fr/podcast/actualites-historique-de-la-mrs/' [Ressource en ligne]

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