
Group of young adults, photographed from above, on various painted tarmac surface, at sunrise.
SRM360 Guide
Comment assurer une bonne gouvernance des MRS ?
Les méthodes de réflexion de la lumière solaire (MRS) – également appelées « géo-ingénierie solaire » – peuvent avoir des répercussions dans le monde entier. Il est potentiellement plus difficile d’évaluer les questions sociales, politiques et économiques qu’elles soulèvent que d’étudier leurs effets physiques. Qui décide de la marche à suivre et où ?
Pourquoi la gouvernance des MRS est-elle nécessaire ?
Si les méthodes de réflexion de la lumière solaire (MRS) – ou géo-ingénierie solaire – étaient déployées à grande échelle, elles modifieraient le climat de la planète. Elles pourraient nettement limiter les risques liés au changement climatique si elles étaient utilisées prudemment et parallèlement à la réduction des émissions, ou les aggraver si elles sapaient ces efforts de réduction ou si elles tournaient mal.
Si un seul pays détenait le pouvoir de changer le climat, nous en serions tous affectés.
Relever les défis, saisir les opportunités et résoudre les problèmes liés aux MRS demande une bonne gouvernance. Cela implique un vaste débat public, une recherche transparente, une évaluation internationale rigoureuse et la mise en place de bonnes pratiques et de règles contraignantes.
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Quels accords internationaux couvrent-ils les MRS ?
Il n’existe actuellement aucun cadre de gouvernance international complet pour les MRS, bien qu’il y ait une mosaïque d’accords et d’organisations qui traitent de questions connexes.
Le droit international n’interdit pas l’utilisation des MRS. C’est la Convention ENMOD de 1977 qui s’approche le plus du sujet, bien qu’elle n’interdise que l’utilisation à des fins hostiles de la modification de l’environnement et ne s’applique pas aux utilisations pacifiques.
En 2010, la Convention sur la diversité biologique (CDB) a exhorté les pays à éviter « les activités de géo-ingénierie liées au climat (dont les MRS) susceptibles d’affecter la biodiversité », exception faite des « études de recherche scientifique à petite échelle ». Cette décision n’était toutefois pas contraignante et aucun pays n’a officiellement adopté la recommandation.
Bien qu’aucune règle ferme n’ait été fixée à l’échelle internationale, les organisations intergouvernementales se penchent de plus en plus sur la question, qui figure plus fréquemment à l’ordre du jour.
Existe-t-il des lois internationales qui interdisent les MRS ?
Traité | Interdit-il les MRS ? | Pourquoi ? |
---|---|---|
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques | No | Elle n'aborde pas la question des MRS. |
Convention sur la diversité biologique | No | Elle a invité à s'abstenir de toute « géo-ingénierie » susceptible d'affecter la biodiversité (exception faite de la recherche à petite échelle), mais ceci n'est pas contraignant sur le plan juridique. |
Protocole de Londres | No | Nouvel amendement interdisant la « géo-ingénierie marine » (exception faite de la recherche), qui n'est pas en vigueur et ne s'applique pas aux MRS. |
ENMOD | No | Interdiction d'utiliser « à des fins hostiles » des techniques de modification de l'environnement, non applicable aux MRS. |
Quelles sont les règles applicables à la recherche sur les MRS et aux expériences en la matière ?
Aucun pays n’a de lois qui s’appliquent expressément aux MRS ou à la recherche sur celles-ci, bien qu’un État américain les ait interdites et que d’autres envisagent de prendre des mesures similaires.
Il existe des lois générales sur l’environnement et des recommandations émises par des organismes de recherche sur les recherches potentiellement risquées, que les scientifiques doivent observer. Toutefois, les expériences de MRS que les chercheurs ont proposées ou menées sur le terrain jusqu’à présent ont été réalisées à des échelles si petites qu’elles ne présentent que des risques négligeables pour l’environnement.
Pourtant, les expériences sur le terrain et autres activités de MRS menées à l’air libre ont suscité des polémiques, et certaines ont été annulées en raison de l’opposition d’activistes et de communautés locales.
En l’absence de règles nationales ou internationales, certains donateurs et groupes de recherche travaillant sur les MRS ont élaboré leurs propres dispositifs de gouvernance pour les expériences sur le terrain. Ils ont par exemple intégré la participation du public, demandé des analyses indépendantes ou réalisé des évaluations plus approfondies des effets de ces technologies sur l’environnement.
Comment les chercheurs voient-ils la gouvernance des MRS ?
Plusieurs groupes de chercheurs et universitaires ont proposé des principes de gouvernance pour la recherche sur les MRS, et il existe un large consensus quant aux principes fondamentaux. Ils recommandent en général que les études sur les MRS minimisent les risques, fassent participer le public, soient transparentes et échappent aux intérêts commerciaux.
De nombreux chercheurs estiment que ces principes généraux devraient être respectés par les donateurs ou probablement officialisés dans des accords internationaux, ce qui permettrait de mener des expériences de MRS à petite échelle sur le terrain. D’autres estiment qu’il faudrait appliquer des règles beaucoup plus strictes.
Des centaines d’universitaires ont signé une lettre ouverte « d’accord de non-utilisation » qui va bien plus loin qu’un simple appel au non-déploiement des MRS et qui demande qu’il n’y ait pas d’expériences à petite échelle sur le terrain, pas de financement public, pas de brevets déposés, ni de « normalisation » des MRS dans les institutions internationales. En réponse à cette lettre, d’autres universitaires ont signé une « incitation à la juste mesure » et une autre lettre qui préconise la poursuite de recherches responsables sur les MRS.
Un débat éclairé est fondamental
Bien que les lois et les accords internationaux puissent jouer un rôle important dans la gouvernance des technologies émergentes et d’autres questions internationales, un débat éclairé est fondamental pour une gouvernance efficace.
De nombreux groupes jouent un rôle important dans le débat sur les MRS et vont contribuer à la prise de décisions en la matière, notamment :
- Les chercheurs apportent les résultats de leurs recherches et font des analyses qui alimentent des discussions plus larges.
- Les groupes de la société civile et les groupes de réflexion analysent les preuves, prennent position et plaident en faveur de mesures précises.
- Les médias suivent tous les faits nouveaux et lancent des discussions qui éclairent le public sur ce sujet.
- Les donateurs. Les gouvernements et les organismes philanthropiques décident de l’affectation des ressources et orientent ainsi la recherche et l’élaboration de politiques.
- Les gouvernements mettent en œuvre des politiques, fixent des priorités nationales et collaborent avec d’autres pays sur des questions de recherche et de gouvernance de ces méthodes.
- Le public. Les citoyens sensibilisés contribuent à orienter les débats et élisent leurs représentants.
Pour que les MRS bénéficient d’une bonne gouvernance, ces groupes devront être bien informés. Ils pourront ainsi contribuer de manière réfléchie aux discussions et aider le monde à prendre des décisions avisées sur cette question difficile.