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Le droit international interdise-t-il la MRS?
Compte tenu du risque d’altération du climat et de dommages, certains se demandent si les les méthodes de réflection de la lumière solaire ou la modification du rayonnement solaire (MRS) sont interdites par le droit international. La réponse est non – aucun traité applicable aux techniques de MRS n’interdit la recherche ou leurutilisation, mais le droit international incite à la prudence.
Principaux points à retenir:
- La MRS n'est pas interdite par le droit international.
- Aucun traité applicable à la MRS n'interdit la recherche, les expériences sur le terrain ou le déploiement.
- Cela pourrait changer, mais cela semble peu probable pour le moment.
Les initiatives de la MRS – si elles étaient entreprises – pourraient affecter le cycle climatique de l’ensemble de la planète et, par conséquent, tous les pays de la planète. Étant donné que certains effets de la MRS pourraient être néfastes, la question suivante se pose: le droit international interdit-il la recherche, les expériences sur le terrain ou le déploiement de la MRS?
Droit international et MRS
Autrement dit, le droit international est la loi entre les États. Il existe deux principaux types de droit international contraignant: le droit international coutumier et le droit des traités.
Droit international coutumier consiste en des obligations légales entre tous les États qui découlent de la pratique. Par exemple, selon la coutume »règle d’interdiction de nuire», les États ont le devoir de minimiser ou du moins de réduire les dommages environnementaux importants causés à d’autres États. Ils ont également l’obligation de procéder à des évaluations d’impact environnemental, le cas échéant.
Si le droit international coutumier est contraignant pour tous les États, il manque de précision et cela peut donner lieu à des interprétations. La plupart des juristes ne trouvent aucune preuve indiquant que le droit international coutumier interdit catégoriquement la MRS.1
Le droit des traités, comme son nom l’indique, comprend des obligations légales découlant des traités signés et ratifiés par les États. Contrairement au droit international coutumier, le droit des traités n’est contraignant que pour les États qui l’ont ratifié.2
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques: N’aborde pas la question de la MRS
La convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques est le principal traité régissant les changements climatiques et le cadre dans lequel s’inscrit l’accord de Paris régissant le changement climatique et le cadre dans lequel l’accord de Paris a été élaboré, mais il ne traite pas spécifiquement des MRS.3 Au lieu de cela, les MRS ont été abordés de manière isolée par une poignée d’autres traités relatifs à l’environnement. Le tableau ci-dessous résume cette couverture disparate.
Existe-t-il des lois internationales qui interdisent les MRS?
Treaty | Does It Prohibit SRM? | Reason(s) |
---|---|---|
Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques | Non | N'aborde pas la question de la MRS |
Convention sur la diversité biologique | Non | Invitation à s’abstenir de toute « géo-ingénierie » susceptible d’affecter la biodiversité (sauf pour des recherches à petite échelle), non juridiquement contraignante |
Protocole de Londres | Non | Nouvel amendement interdisant la « géoingénierie marine » (avec une exception pour la recherche), qui n'est pas en vigueur et ne s'applique pas à la MRS |
ENMOD | Non | Interdiction de l'utilisation « hostile » des techniques de modification de l'environnement, non applicable à la MRS |
Convention sur la diversité biologique: Une décision non contraignante sur la géo-ingénierie
En 2010, les États parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB), qui vise à protéger la biodiversité mondiale, ont adopté une décision exhortant les pays à empêcher « les activités de géo-ingénierie liées au climat [y compris les MRS]] susceptibles d’affecter la biodiversité », — à l’exception des « études de recherche scientifique à petite échelle », — jusqu’à ce qu’il y ait une justification scientifique adéquate et une prise en compte appropriée des risques et des impacts.4
Certains qualifient cette décision de «moratoire international ». Mais comme il s’agit d’une décision plutôt qu’un amendement, il n’est pas juridiquement contraignant – même pour les États qui ont ratifié la CDB.5 De plus, les États-Unis (US) ne sont pas partie à la CDB.
Quoi qu’il en soit, la plupart des commentateurs avertis rejettent l’idée selon laquelle la CDB interdirait la MRS parce que ses parties n’ont aucune obligation de le faire.6
Convention et Protocole de Londres: l’amendement éventuel ne s’applique pas à la MRS
La Convention de Londres et Protocole de Londres réglementent le rejet en mer.7 En 2013, les négociateurs ont finalisé un amendement au Protocole de Londres qui interdirait des activités spécifiques de « géo-ingénierie marine » listées, avec une possible exception pour la « recherche scientifique légitime ».8 Sous sa forme actuelle, cet amendement ne concerne que la fertilisation des océans, et vise à capturer le dioxyde de carbone de l’atmosphère en stimulant la prolifération du phytoplancton.
Toutefois, les États qui ont ratifié le protocole de Londres examinent actuellement la possibilité d’inscrire l’éclaircissement des nuages marins sur la liste des formes de géo-ingénierie marine, conformément aux dispositions de l’amendement.
Pourtant, cet amendement datant de 2013 n’est pas encore entré en vigueur – seuls 6 des 36 pays l’ont ratifié. Et s’il entrait un jour en vigueur et devenait par conséquent juridiquement contraignant, l’amendement actuel ne porte pas sur la MRS. De plus, comme dans le cas de la CDB, les États-Unis ne sont pas un parti au Protocole de Londres. Encore une fois, comme dans le cas de la CDB, les juristes reconnaissent que le Protocole de Londres n’interdit pas la MRS.9
ENMOD: s’applique uniquement aux activités hostiles
La Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles, ou ENMOD, a été signé en 1977. Le traité interdit l’utilisation «hostile» de techniques de modification de l’environnement, et ces techniques incluent clairement la MRS.
Les utilisations suggérées du SRM ne semblent toutefois pas avoir un caractère hostile.10 De plus, le SRM ne semble pas pouvoir être utilisé comme arme. Quoi qu’il en soit, l’ENMOD est un traité inactif: ses parties ont non atteint depuis 1992 et n’ont pas l’intention de le faire.
Aucune interdiction du MRS, mais cela pourrait changer
Bien qu’il semble évident que le droit international devrait interdire l’utilisation de la GRS, ni le droit international coutumier ni aucun traité en vigueur ne l’interdisent.
Il convient de noter quelques indications d’un soutien au moins limité à l’interdiction de la MRS. À la suite de lâchers non autorisés de ballons effectués au Mexique par la start-up américaine « Make Sunsets » en 2022, le Le gouvernement mexicain a annoncé son intention d’interdire le SRM et d’inciter d’autres pays à prendre des mesures similaires11 Et lors d’une réunion de l’ Assemblée des Nations Unies pour l’environnement en 2024, Les pays africains ont fait pression en faveur de la « non-utilisation » de la MRS, mais sans succès faute de soutien
Bien que le soutien à l’interdiction de l’utilisation des GRS puisse s’accroître à l’avenir, pour l’instant, le droit international ne constitue pas vraiment une barrière à l’utilisation de la MRS.
Questions ouvertes
- Le soutien en faveur d'une interdiction internationale des MRS augmentera-t-il?
- Les interdictions nationales ou régionales pourraient-elles déclencher de sérieuses discussions internationales?
- Si une interdiction internationale était adoptée, comment serait-elle appliquée?
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Notes de fin d'ouvrage
- Armeni C, Redgwell C. (2015). International Legal and Regulatory Issues of Climate Geoengineering Governance: Rethinking the Approach. Climate Geoengineering Governance Working Paper Series: 021. Available at https://jreynolds.org.
- La ratification est le processus par lequel un État consent formellement à être lié par un traité. Souvent, la ratification se fait par un vote du corps législatif du pays.
- Il convient de noter qu’en vertu de la loi américaine, l’Accord de Paris n’est pas un traité car il n’a pas été soumis au Sénat pour ratification. Ceci a été délibérément écrit et convenu comme tel à Paris.
- Il s’agit de la décision X/33 de la CBD.
- Brunnee J. (2002). COPing with Consent: Law-Making Under Multilateral Environmental Agreements. Leiden Journal of International Law 15: 1-52. https://doi.org/10.1017/S0922156502000018
- Williamson P, Bodle R. (2016). Update on Climate Geoengineering in Relation to the Convention on Biological Diversity: Potential Impacts and Regulatory Framework. Technical Series No. 84. https://www.cbd.int/doc/publications/cbd-ts-84-en.pdf
- La convention de Londres, signée en 1972, ne réglemente que les déversements en mer de matériaux spécifiques. Le protocole de Londres (à la convention de Londres), signé en 1996, interdit l’immersion de tous les matériaux. pas spécifié. Le protocole de Londres est destiné à remplacer à terme la convention de Londres pour permettre une simplification de la réglementation en matière de déversement dans les océans.
- Cet amendement est contenu dans la résolution LP.4(8).
- Scott KN. (2023). From Ocean Dumping to Marine Geoengineering: The Evolution of the London Regime. Rayfuse, R., Jaeckel, A., and N. Klein, eds., Research Handbook on International Marine Environmental Law, 240-263. Cheltenham, UK: Edward Elgar Publishing. https://doi.org/10.4337/9781789909081.00019
- Eliason A. (2022). Avoiding Moonraker: Averting Unilateral Geoengineering Efforts. University of Pennsylvania Journal of International Law 43: 429-467. https://scholarship.law.upenn.edu/jil/vol43/iss2/3
- On ne sait pas encore si le Mexique a adopté une telle interdiction, et rien n’indique qu’il ait entrepris une quelconque initiative internationale à cet égard.
Photo miniature: AJEL
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