Staghorn coral bleaching on the Great Barrier Reef during a mass bleaching event.

SRM360 Guide

Les MRS peuvent-elles contribuer à réduire les risques climatiques ?

Les méthodes de réflexion de la lumière solaire (MRS) – également appelées « géo-ingénierie solaire » – ne sauraient résoudre le problème du changement climatique, mais pourraient offrir un nouvel outil important pour diminuer les risques climatiques, à condition que la réduction des émissions s’accélère. Mais ces idées peuvent s’accompagner d’effets secondaires et de risques supplémentaires. Comment mettre en balance les risques liés à l’utilisation des MRS et ceux inhérents au changement climatique ?

Les MRS présentent des risques, mais ne pas les utiliser est-il moins risqué ?

Les méthodes de réflexion de la lumière solaire (MRS) – également appelées « géo-ingénierie solaire » – visent à refroidir la planète et réduire les risques liés au changement climatique.

L’injection d’aérosols dans la stratosphère (SAI selon l’anglais), qui consiste à ajouter de minuscules particules réfléchissantes dans la haute atmosphère, semble offrir un moyen pratique de faire baisser les températures mondiales. En réfléchissant près de 1 % de la lumière solaire entrante, cette méthode est susceptible de faire baisser les températures mondiales d’environ 1° C.

Puisque qu’un grand nombre de risques climatiques sont étroitement liés aux températures, la géo-ingénierie utilisant la SAI pourrait réduire de nombreux impacts sur le climat si elle était déployée prudemment, parallèlement à la réduction des émissions. Elle n’est toutefois pas susceptible de compenser tous les effets du changement climatique et peut, à son tour, s’accompagner de risques.

Comment mettre en balance les risques liés au déploiement de la SAI et ceux inhérents au changement climatique ?

Faire baisser les températures pourrait réduire les effets sur le climat

Si elle répartit de manière stratégique les particules dans la haute atmosphère, la SAI peut produire un modèle de refroidissement relativement uniforme à même de compenser le réchauffement dû aux gaz à effet de serre sur toute la planète. Ceci pourrait nettement atténuer les risques liés au changement climatique.

L’augmentation des températures aggrave les épisodes de chaleur extrême et chasse les espèces de leurs territoires habituels, ce qui a de fortes répercussions sur les écosystèmes, les cultures et la santé humaine.

L’air plus chaud peut également être plus humide, ce qui intensifie les sécheresses car cet air absorbe plus d’eau et accentue les précipitations en libérant plus d’eau à la fois. Ceci a des conséquences sur les récoltes, porte préjudice aux économies et met les personnes en danger.

La hausse des températures entraîne également la fonte des neiges et des glaces. Ceci assombrit les surfaces blanches et brillantes qui vont ensuite absorber plus de lumière, ce qui aggrave le réchauffement climatique. Elle provoque en outre la fonte et le recul des glaciers, ce qui affecte les réserves d’eau que ceux-ci fournissent tout au long de l’année dans de nombreux endroits.

C’est notamment pour ces raisons que la baisse des températures opérée par la SAI ou d’autres approches de MRS pourrait atténuer un grand nombre de risques liés au changement climatique.

Effets secondaires et inconvénients

Bien que la SAI et d’autres MRS soient susceptibles de refroidir la planète, aucune  approche de MRS ne peut annuler tous les effets du changement climatique. Ce sont surtout les régimes des vents et des précipitations qui seraient modifiés. Certaines régions verraient leurs ressources en eau plus affectées qu’elles ne le sont par le réchauffement climatique.

L’éclaircissement des nuages marins – méthode consistant à éclaircir les nuages au-dessus de certaines régions océaniques – pourrait produire un effet de refroidissement mondial, mais qui ne serait pas uniforme. Ce manque d’uniformité pourrait entraîner des changements des régimes des vents et des pluies plus importants que ceux que l’on aurait en utilisant la SAI.

Aucune activité de MRS ne peut s’attaquer à la cause principale du changement climatique, à savoir l’accumulation de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre. Les MRS ne sont donc pas une solution à l’acidification des océans, laquelle est causée par l’accumulation de dioxyde de carbone dans les océans et nuit ainsi aux écosystèmes océaniques.

La SAI aurait également plusieurs effets secondaires. Elle pourrait augmenter légèrement les pluies acides et la pollution atmosphérique et retarder la lente récupération du trou dans la couche d’ozone.

SRM potential benefits and risks

Sunlight reflection methods (SRM) could lower global temperatures, reducing many risks, but introducing others. Some examples:

Potential srm benefits

Potential srm RISKS

Food

Changes in rainfall due to SRM could reduce crop yields in some regions.

By reducing warming, SRM might boost crop yields overall

WATER

SRM would change rainfall patterns, improving water security in some regions

Those changed rainfall patterns might cause worsening water security in other regions.

HEALTH

SRM would reduce extreme heat and its health impacts, reduce shifts in the spread of diseases overall

SRM could delay the recovery of the ozone hole and add to air pollution, posing health risks.

ECOSYSTEMS

Lower temperatures would reduce coral bleaching. Reduced climate change would mean fewer extinctions overall, but potentially more extinctions in some regions.

SRM would not address ocean acidification which would still threaten coral reefs.

Reduced climate change could potentially mean more extinctions in some regions.

EXTREME WEATHER

Many weather extremes would be less intense, including reduced extreme rainfall overall.

Droughts may be more intense in some regions with SRM.

ECONOMY

Reduced climate change could mean reduced economic impacts with SRM.

Reduced water availability in some regions could have economic consequences.

SECURITY

Less intense climate extremes could reduce the risk of violent conflict.

There could be conflict over the use of SRM.

Source: SRM360.org

Potential srm benefits

Potential srm RISKS

Food

By reducing warming, SRM might boost crop yields overall

Changes in rainfall due to SRM could reduce crop yields in some regions.

WATER

SRM would change rainfall patterns, improving water security in some regions

Those changed rainfall patterns might cause worsening water security in other regions.

HEALTH

SRM would reduce extreme heat and its health impacts, reduce shifts in the spread of diseases overall

SRM could delay the recovery of the ozone hole and add to air pollution, posing health risks.

ECOSYSTEMS

Lower temperatures would reduce coral bleaching. Reduced climate change would mean fewer extinctions overall, but potentially more extinctions in some regions.

SRM would not address ocean acidification which would still threaten coral reefs.

Reduced climate change could potentially mean more extinctions in some regions.

EXTREME WEATHER

Many weather extremes would be less intense, including reduced extreme rainfall overall.

Droughts may be more intense in some regions with SRM.

ECONOMY

Reduced climate change could mean reduced economic impacts with SRM.

Reduced water availability in some regions could have economic consequences.

SECURITY

Less intense climate extremes could reduce the risk of violent conflict.

There could be conflict over the use of SRM.

Source: SRM360.org

Que savent les scientifiques sur les MRS ?

À ce jour, les connaissances des scientifiques sur les MRS reposent essentiellement sur des modèles climatiques, c’est-à-dire des simulations informatiques sophistiquées du système terrestre.

À l’aide des modèles qu’ils utilisent pour prévoir l’ampleur et les effets du réchauffement climatique, les climatologues tentent de mettre en balance les risques liés à une baisse des températures obtenue grâce aux MRS et les risques qu’entraîne le changement climatique.

Ceci comporte de nombreuses incertitudes – prévoir la réaction du système climatique complexe est difficile – mais ces modèles reposent sur des décennies de théorie, d’observations et d’expériences en laboratoire.

Il n’est pas possible de « tester » la manière dont le climat réagirait aux MRS en menant des expériences en plein air à petite échelle. Toutefois, les expériences sur le terrain peuvent mettre en lumière des processus primordiaux afin que les scientifiques puissent améliorer leurs prévisions des modèles climatiques. L’observation des éruptions volcaniques et de phénomènes naturels similaires peut également leur permettre de vérifier si leurs modèles cernent correctement les réactions observées sur le terrain.

Mauvaises surprises

Introduire un élément nouveau dans l’environnement peut être source de mauvaises surprises ; il suffit de penser aux CFC (chlorofluorocarbures) qui ont endommagé la couche d’ozone. Le monde doit-il s’attendre à de mauvaises surprises en cas de déploiement des MRS ?

Contrairement aux CFC, les principales MRS ne seraient pas entièrement nouvelles. La SAI imiterait l’effet de refroidissement que provoquent les grandes éruptions volcaniques en ajoutant des particules de sulfates dans la stratosphère, et l’éclaircissement des nuages marins augmenterait la quantité de sel de mer dans la basse atmosphère. Ces idées s’accompagnent de nombreuses incertitudes, mais comme rien d’entièrement nouveau ne serait introduit dans l’environnement, il est peu probable que des interactions physiques vraiment surprenantes se produisent.

Mais comment le climat réagira-t-il ? Certaines des plus grandes incertitudes de la science du climat concernent la réaction des systèmes primordiaux aux variations climatiques. À partir de quelle température les coraux tropicaux ou la forêt amazonienne ne pourront-ils plus supporter la chaleur et commenceront-ils à disparaître ? Quand les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique occidental se déstabiliseront-elles et à quelle vitesse s’effondreront-elles ? Jusqu’où les températures devront-elles grimper avant que les principaux courants océaniques, comme la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique, ne s’arrêtent ?

Il est très probable que les MRS s’accompagnent de nouvelles incertitudes, mais par ailleurs elles en réduiraient d’autres. Elles pourraient limiter le réchauffement climatique et empêcher de ce fait le climat de s’aventurer davantage dans des territoires inconnus. Elles atténueraient ainsi le risque d’atteindre de « points de basculement » tels que la disparition des coraux tropicaux ou des calottes glaciaires.

Vers une analyse comparative des risques liés aux MRS

Les MRS ne peuvent pas résoudre le problème du changement climatique car elles ne s’attaquent pas aux causes profondes de celui-ci, mais elles peuvent servir si elles sont utilisées parallèlement à la réduction des émissions et à d’autres mesures.

Les MRS s’accompagnent d’un grand nombre de risques, mais elles sont également susceptibles d’atténuer les risques liés au changement climatique. Pour savoir si les MRS peuvent jouer un rôle utile et complémentaire à la réduction des émissions, il faudra faire une analyse comparative et minutieuse des risques, en comparant ceux qui sont liés aux MRS à ceux qu’entraîne le changement climatique.

Mais les risques liés aux MRS ne sont pas définis. Ils dépendent des éventuels déploiements de ces méthodes et de la façon  dont le monde y réagirait. Les MRS pourraient notamment attiser les tensions internationales ou compromettre les progrès à faire pour réduire les émissions. Bien que les MRS soient susceptibles de réduire les risques si elles sont utilisées prudemment, elles pourraient être néfastes si elles n’étaient pas utilisées ou contrôlées de manière responsable.

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